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La santé digitale prend du galon sur le continent africain et séduit de plus en plus de décideurs et investisseurs. Une tendance qui s’illustre par une croissance impressionnante des startups dédiées à la HealthTech depuis 2020. Si la pandémie du covid-19 a fait office de catalyseur, c’est bien parce que la crise a révélé que l’avenir des systèmes de santé en Afrique est fortement corrélé aux capacités d’innovations des nouvelles technologies dans ce domaine.

Bien avant la crise du Covid-19, d’autres pandémies avaient levé le voile sur les failles des infrastructures de santé et des chaines d’approvisionnement en Afrique. Certaines épidémies persistent dans plusieurs régions et continuent de frapper les populations les plus vulnérables et isolées par manque d’accès aux soins et aux traitements. D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), près de 130 alertes de santé publique ont été signalées sur le continent entre juillet 2021 et juin 2022, avec 86,2% de foyers de maladies infectieuses dont la poliomyélite, déclarée urgence de santé publique de portée internationale. Toujours d’après les données de l’OMS, le taux de mortalité infantile reste considérablement élevé dans certaines régions où l’on a enregistré en 2019, plus d’1.5 millions de décès chez les enfants de moins de 5 ans. Sans compter les maladies chroniques et les pathologies, jusqu’alors peu diagnostiquées, qui gagnent du terrain et représentent un défi colossal pour les professionnels de la santé, publics comme privés.

C’est ainsi qu’en appui aux efforts consentis des gouvernements et pour pallier le manque d’accès aux services de santé et aux chaines d’approvisionnement en produits médicaux, une nouvelle génération d’acteurs de la HealthTech a progressivement émergé dans ce secteur aux opportunités de développement énormes, dans une Afrique de plus en plus connectée à internet et au monde. Et dans le domaine de la santé, cette nouvelle génération entend bien prouver que les Big Data, les algorithmes, l’intelligence artificielle ou encore la blockchain, peuvent fournir aux populations de nouvelles solutions médicales individualisées, personnalisées et préventives.

Après des décennies de dépendance internationale pour l’approvisionnement en médicaments et en produits de santé, la pandémie du Covid-19 a surtout souligné l’urgence pour l’Afrique de bâtir sa souveraineté sanitaire. Cependant, les moyens financiers, les liens avec les décideurs et l’accompagnement font défaut. C’est ce que révèle un rapport de Salient et SouthBridge A&I, préambule du programme i3 (Investing in Innovation in Africa), qui a examiné le potentiel de mécanismes d’un financement mixte pour accélérer la croissance et l’impact des startups et des distributeurs de produits de santé dans 4 pays d’Afrique subsaharienne (Nigéria, Kenya, Ghana et Ouganda).

Un programme africain, développé par des Africains et pour l’Afrique

Seulement voilà : encourager la prochaine génération d’acteurs de la HealthTech africaine exige une approche différente de ce qui a pu être fait par le passé. C’est en cela que le programme i3 prend tout son sens. Financé par la Fondation Bill & Melinda Gates et parrainé, entre autres, par Merck Sharp & Dohme (MSD), AmerisourceBergen, Chemonics et Microsoft, ce projet élaboré en juin 2022 et piloté par les cabinets Southbridge A&I, Salient et SCIDaR, met en lumière les startups africaines les plus prometteuses avec des apports considérables sur la chaine d’approvisionnement des produits de santé et des solutions médicales à travers tout le continent.

60 startups sélectionnées issues de 14 pays, 50 000 dollars de subvention systématique pour chacune d’entre elles et la création d’opportunités de partenariats avec les sponsors du programme. En apparence, pas de quoi de se tailler la part du lion sur le marché de la santé compte tenu des énormes investissements dont nécessite le secteur…car là n’est pas le but d’Investing in Innovation. Il ne s’agit pas exclusivement de lever des fonds ni d’un programme d’accélération classique de ces startups mais surtout de mettre en avant des solutions existantes ayant un impact concret sur les indicateurs d’accès à la population aux médicaments et aux dispositifs médicaux, de coûts, et de santé publique en général, tout en mettant un coup de projecteurs sur les difficultés que rencontrent ces entreprises afin d’alimenter le plaidoyer international.

Si le financement du programme est principalement international, l’initiative reste résolument ancrée dans le continent africain. Le design du programme et les décisions de sélection ont été réalisés par des acteurs de l’écosystème tech en Afrique. Le Programme i3 a visé tout le continent et les coordonnateurs du programme (SouthBridge A&I, Salient Advisory et SCIDAR) ont sélectionné quatre accélérateurs de renom, un sur chaque région, pour piloter la sélection des bénéficiaires et les suivre sur la durée. De leur côté, les coordinateurs du programme assurent le lien entre les bénéficiaires et une coalition unique de bailleurs de fonds, aux côtés de leaders d’industries et d’institutions africaines et internationales engagées dans les problématiques de développement du continent.

Convaincu que le développement de la HealthTech en Afrique ne peut être envisageable sans une participation accrue de certains acteurs du secteur souvent écartés des réseaux de financement, le programme i3 a fait de l’égalité des genres une condition sine qua non dans ses critères de sélection des startups, avec près de 47% des entreprises retenues dirigées par des femmes (avec au moins une femme participant au capital et jouant un rôle actif dans la gestion). Autre critère non négligeable : au moins 30% des entreprises opèrent en Afrique du Nord et francophone.

Sur les 1200 entreprises dans le domaine de la santé digitale qui opèrent actuellement en Afrique, des disparités régionales et géographiques laissent entrevoir quatre hubs régionaux bien distincts qui concentrent 95% des acteurs du secteur : l’Egypte pour l’Afrique du Nord, le Kenya pour l’Afrique de l’Est, l’Afrique du Sud pour l’extrême pointe du continent, et le Nigeria pour la partie ouest. Quatre pays à prédominance anglophone, aux régulations plus favorables à l’émergence de l’innovation, qui ont su tirer profit des opportunités de marchés et des réseaux d’influence.

Le Maroc, cinquième hub continental ?

i3 part du constat que le développement de solutions innovantes à succès dans un environnement africain peut et doit être développé dans d’autres pays du continent pour croître et réaliser son potentiel.  L’Afrique regorge de compétences et de champions de l’innovation qui ont à cœur de trouver des solutions aux problématiques économiques, sociales et environnementales auxquelles sont confrontés leurs pays respectifs, et à plus large échelle, tout un continent.

Dans le Royaume du Maroc, le programme a révélé trois start-ups aux domaines d’intervention différents, qui se sont démarquées lors de la phase de sélection. Sobrus, DeepEcho et Medevice ont misé respectivement sur des solutions cloud, des plateformes numériques et l’intelligence artificielle pour développer des dispositifs médicaux et d’approvisionnement qui pourraient faciliter le quotidien de millions d’Africains. Représentant 10% des entreprises sélectionnées par i3, elles introduisent le Maroc dans le cercle très fermé des pays africains précités où la santé digitale est déjà ancrée dans les écosystèmes locaux.

Mais avant de placer leurs pions sur le continent, où leurs expertises et savoir-faire peuvent résolument trouver écho et répondre à des besoins spécifiques d’autres populations africaines, ces jeunes startups ont un rôle déterminant à jouer dans le développement de l’écosystème marocain de la HealthTech, dont les pourtours ont commencé à se dessiner dès 2014 avec des acteurs comme Dabadoc, véritable success story marocaine. Plus récemment, DataPathology, startup marocaine de MedTech spécialisée en pathologie digitale, a su séduire plusieurs investisseurs et lever des fonds (via le programme WITAMAX) qui lui ont permis de s’inscrire parmi les acteurs à suivre de la HealthTech au Maroc et en Afrique.

Or, est-ce assez pour nourrir les espoirs de voir émerger un cinquième hub marocain ? Une question qu’il est légitime de se poser lorsque l’on constate les écarts dans les accès aux marchés entre les startups marocaines et celles d’autres pays africains. Sur les 27 autres startups sélectionnées par le programme, combien pourraient réellement être opérationnelles au Maroc ? Les talents marocains ont d’ailleurs bien plus de chances d’acquérir des marchés dans d’autres pays africains que dans leur propre pays.

Dans la première cohorte sélectionnée par i3, l’on trouve des entreprises qui utilisent des drones dans leur modèle de distribution, certaines qui présentent des solutions de financement en plus de leur solution d’approvisionnement, d’autres qui comparent des prix et proposent des promotions sur les médicaments, des pharmacies virtuelles qui livrent directement les produits à la population ou encore des startups de télémédecine et de télédiagnostic. Au Maroc, toutes ces entreprises auraient été soit qualifiées d’illégales, soit quasi impossible à opérer ou non pertinentes du fait de la politique pharmaceutique actuellement en vigueur.

En conséquence, la chaîne d’approvisionnement et le système de santé en général au Maroc se privent d’opportunités d’optimisation majeures pouvant avoir un impact sur la proximité du système de soin avec la population, sur le coût final pour l’Etat et les patients et sur l’accès à l’innovation. Ceci, dans un contexte de mise en œuvre de l’Assurance Maladie Universelle et Obligatoire qui devrait imposer au système la réalisation de toutes les poches d’optimisation pour éviter une dérive des dépenses.

De manière générale, des prérequis importants, mais tout à fait envisageables, doivent être mis en place pour le développement du Maroc comme un vivier d’innovation pour la Health tech : une plus grande flexibilité et confiance dans les start-ups marocaines au niveau des achats publics (à l’image de ce qui a été réalisé durant la période COVID), une plus grande libéralisation du secteur pharmaceutique en commençant par des médicaments OTC aux prix libéralisés et une facilitation des solutions de financements et de paiements pour les acteurs de supply chain médicales. Il s’agit de profiter de la Refonte actuelle du système de santé pour lever les freins à toutes ces innovations, que ce soit dans la réforme du système de soins publics ou dans la nouvelle politique pharmaceutique nationale.

Ainsi, l’on pourrait permettre à un écosystème qui a levé moins d’1 million de dollars en 2021, de jouer dans la cour des acteurs Nigérians, Kenyans, Sud-Africains et même Egyptiens, qui se sont accaparés près de 95% des 153M$ de levées de fonds la même année.

i3 en quelques points clés
Les 30 startups sélectionnées déclarent rencontrer des difficultés d'accès aux marchés, aux financements et au recrutement
86% des startups proposent des solutions avec un réel impact sur l'amélioration de l'accessibilité aux médicaments et produits de santé
48 % des innovateurs sélectionnés déclarent avoir postulé au programme pour accéder à de nouveaux marchés et investir dans de nouveaux équipements ou logiciels
Les solutions de ces jeunes entreprises servent en partie les populations rurales et éloignées sur le continent
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